Sais-tu qu’aux premiers feux du ciel qui s’illumine,
Quand au bout de la nuit l’aurore est de retour,
Les oiseaux attristés dès que le soir décline
Chantent la volupté de vivre un nouveau jour ?
Sais-tu qu’à son réveil, la rose emprisonnée
Dans un brouillard léger qui va s’évanouir
Pare sa nudité de perles de rosée
Avant de s’animer et de s’épanouir ?
Sais-tu que lorsqu’il boit les larmes de la pluie,
Le chêne dépouillé se couvre de rameaux ?
Que le hêtre engourdi, renaissant à la vie
Offre ses bras noueux aux petits des moineaux ?
Sais-tu que dans le vent qui muse et batifole
S’attardent les senteurs grisantes de la mer ?
Qu’attisant sa fureur, dans une ronde folle,
Il entraîne avec lui les sables du désert ?
Sais-tu que quand la terre a donné sa vendange,
L’hirondelle s’enfuit vers des cieux moins troublés ?
Que lorsqu’elle revient de ces lointains étranges,
On a déjà semé le maïs et le blé ?
Non, toi tu ne sais rien des dons que la nature
Prodigue sans compter tout au long de nos jours.
Tu ne prends nulle part à la belle aventure.
Ta voix est sans écho, ton cœur est sans amour.
Je donnerais beaucoup pour qu’enfin un poète
Te dise les raisons du bonheur ici-bas.
Je te plains mon ami, car sur cette planète,
Tu pourrais être heureux, mais tu ne le sais pas.
Renée
Jeanne Mignard