Je n'oublierai jamais ce matin de
l'avril.
Alors que le soleil s'en revenait
d'exil,
Pour faire sans témoins ma marche
coutumière,
J'avais porté mes pas au bord de la
rivière.
L'Indre, ce matin là ,était pailletée
d'or.
Des lambeaux de brouillard s'effilochaient
encor.
Le petit bois frileux s'éveillait peu à
peu
Aux premiers gazouillis des hôtes de ces
lieux.
Le coucou,plus hardi, offrait ses
vocalises.
Les roseaux frémissaient,caressés par la
brise.
Les canards régataient avec les poules
d'eau.
La nature attendrie disait le
renouveau.
Il me semblait alors être seule en ce
monde,
Rendant grâces au ciel de pouvoir
prolonger
Ces instants de bonheur,d'émotion
profonde,
Qu'en ce jour de printemps je n'ai pu
partager.
Je suis restée longtemps en
extase,immobile,
Prisonnière du temps et de cette
beauté.
Et j'eus le sentiment, en regagnant la
ville,
Que j'avais dérobé un peu
d'éternité.
Renée
Jeanne Mignard