"50 roses" photo de Renée Jeanne
|
|
"Nostalgie" Aquarelle d'Irène Gendron
www.cirda.com
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Contemplation
Je n'oublierai jamais ce matin de l'avril.
Alors que le soleil s'en revenait d'exil,
Pour faire sans témoins ma marche coutumière,
J'avais porté mes pas au bord de la rivière.
L'Indre ce matin là était pailletée d'or.
Des lambeaux de brouillard s'effilochaient encor.
S'éveillait peu à peu le petit bois frileux
Aux premiers pépiements des hôtes de ces lieux.
Le coucou plus hardi risquait un vocalise
Les roseaux frémissaient, caressés par la brise.
Les canards régataient avec les poules d'eau.
La nature attendrie disait le renouveau.
Il me semblait alors être seule en ce monde,
Rendant grâces au ciel de pouvoir prolonger
Ces instants de bonheur, d'émotion profonde,
Qu'en ce jour de printemps, je n'ai pu partager.
Je suis restée longtemps en extase, immobile,
Prisonnière du temps et de cette beauté.
Et j'eus le sentiment, en regagnant la ville,
Que j'avais dérobé un peu d'éternité.
Renée Jeanne Mignard
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Escapade
Lorsque je sors ma bicyclette,
Pour m’en aller sur le chemin,
Je vais toujours à l’aveuglette,
Au gré du vent, suis libre enfin.
Je laisse ma peine au vestiaire,
Le vide se fait dans mon cœur.
Inutile de se complaire
Dans les regrets ou la rancœur.
Je contemple le paysage.
Qu’importent le temps, la saison.
Pluie ou soleil sur mon visage,
Hiver, printemps ou fenaison.
Je fais une petite pause
Pour grignoter, boire de l’eau.
Je descends, je cueille une rose
L'oiseau pépie sur le bouleau.
Je regarde d’un œil sensible
Les jardins, les arbres, les champs.
J’éprouve une joie indicible
Si les merles m’offrent leurs chants.
Le soir venu, quand sur la lande,
Le ciel pose un voile de deuil,
Fatigué mon corps ne demande,
Que le confort d’un bon fauteuil.
Instants bénis de la veillée,
Pensant à ce que je ferai,
Je me dis tout ensommeillée,
Au matin je repartirai.
Je sortirai ma bicyclette,
Pour m’en aller sur le chemin.
J’irai toujours à l’aveuglette,
Au gré du vent, et libre enfin…
Renée Jeanne Mignard
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Evasion
Il lui avait offert, en un geste amical
Deux petits poissons d'or nageant dans un bocal.
Cela lui avait plu, jusqu'à leur ménager,
Un coin sur le buffet de la salle à manger.
Mais malgré tous les soins qu'elle leur prodiguait,
Notre couple chinois chez elle s'ennuyait
Loin de leur océan et de son flot berceur
Le regret du pays leur déchirait le coeur.
Dans leur aquarium ils avaient peu de place,
Et plusieurs fois par jour montaient à la surface
Pour exprimer bien haut leur mécontentement.
Du moins le croyaient-ils, car dites-moi comment,
Un poisson des humains peut-il se faire entendre.
Alors, découragés, n'y tenant plus d'attendre,
Et craignant tout de bon de perdre la raison,
Décidèrent enfin de changer d'horizon.
Or donc, le soir venu, leurs hôtes endormis,
Il firent bravement ce qu'ils s'étaient promis,
Sautèrent tous les deux d'un bond sur la carpette,
Et prirent sur le champ la poudre d'escampette.
Le voyage fut court, car miracle étonnant
Leur océan est là, devant eux, à l'instant,
Ses flots bleus pailletés scintillant sous la lune.
Mais ils ne pouvaient croire à leur bonne fortune.
Il était donc si près, le doux pays natal?
Ah! Qu'ils avaient bien fait de quitter leur bocal.
Alors, fous de bonheur, et ne faisant qu'un saut,
Ils prirent leur élan et sautèrent dans l'eau.
Laquelle n'était pas comme dans leur mémoire.
Mais peu leur importait.Leur petite nageoire
Dansait si joliment dans l'eau tiède et bleutée
Que leur prison de verre n'était pas regrettée.
C'est ainsi qu'au matin, en ouvrant leur persienne,
Deux jeunes amoureux qui s'éveillaient à peine,
Virent tout étonnés, comme on se l'imagine,
Deux petits poissons d'or, nageant dans la piscine.
Renée Jeanne Mignard
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pastel de Jean Geeraert
Pastel de Jean Geeraert
Magnifique (acrostiche)
Mille et mille clous d'or frémissent dans l'azur
Avant l'enchantement des célestes clartés.
Grisant est notre émoi, et toujours aussi pur,
Notre émerveillement devant tant de beautés.
Ineffable splendeur de la voûte étoilée,
Féérique décor au regard ébloui,
Ivresse des lointains toujours inégalée,
Que de trésors offerts aux chantres de la nuit.
Une étoile filante a sombré dans le ciel.
En cet instant une âme a rejoint l'éternel.
Renée Jeanne Mignard
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Le sentier
Je connais un sentier, au bord de la rivière,
Que seule chaque jour je parcours en rêvant.
Ce matin le brouillard couvre la roselière.
L’hiver est de retour, l’oiseau l’a dit au vent.
Le site est calme et doux, ici pas d’idées folles.
L’Indre y coule sereine, indifférente à nous.
Un sandre quelquefois y fait ses cabrioles.
L’onde s’agite un brin, quelques rides, c’est tout.
Quand le temps est au bleu, tout le long de la rive,
Le noble peuplier peint dans l’eau son reflet.
Canards et poules d’eau voguent à la dérive.
Quel charme pour les yeux, que ce tableau me plaît.
Au miroir qui flamboie quand le couchant s’enflamme,
Mouettes et courlis s’abreuvent chaque soir.
Une barque sommeille, il n’y a qu’une rame.
Un seul pêcheur je crois la fera se mouvoir.
Je connais tout de toi, mon sentier solitude.
Je sais tes aubes d’or, tes pleurs, tes chants d’oiseaux.
Ce sentiment de paix et de béatitude
Quand la brise de mai caresse les roseaux.
Promenade du cœur, balade familière
Que je fais en rêvant, sans témoins, chaque jour.
Le brouillard ce matin couvre la roselière.
L’oiseau l’a dit au vent. L’hiver est de retour.
Renée Jeanne Mignard
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
"Vive la neige" huile de Rose Levesque
www.rose-levesque.com
"Mon jardin sous la neige" Photo de Renée Jeanne Mignard
Haïkus d’hiver
l’eau de la rivière
est amoureuse du vent
qui lui fait la bise
frimas de décembre
le pinson ne chante plus
il a froid au bec
fais une flambée
on va griller des marrons
dans la poêle à trous
le ruisseau gelé
va servir de patinoire
au canard du coin
aux branches du houx
le gel a mis un collier
de perles de pluie.
bonhomme de neige
a les pieds dans la gadoue
et la goutte au nez
rose de noël
pétales de porcelaine
sur napperon blanc
le sapin est triste
il s’est fait enguirlander
et il a les boules
messe de minuit
le clocher tinte la joie
à toute volée
plus long est le jour
plus éloquent le pinson
bientôt le printemps
Renée Jeanne Mignard
|
|
|
Souvenance
La maison de l’aïeul au vallon se blottit.
Le seuil en est ouvert, le jour comme la nuit.
L’odeur du lavandin et du bois bien ciré
Vous pénètre dès lors que vous êtes entré.
Dans la salle à manger les deux grands vaisseliers,
Garnis de plats de cuivre et de vieux chandeliers
Brillant de mille feux quand le soleil trépasse,
Trônent contre le mur, à la meilleure place.
La pendule comtoise, au balancier muet
N’égrène plus le temps, et l’antique rouet,
Abandonné là-bas, auprès de la fenêtre
Attend la jolie main qui certain jour, peut-être,
Filera la quenouille accrochée à son bois,
Et qu’il y a longtemps, pour la dernière fois,
L’aïeule aux yeux si doux, silencieuse et fière,
Tournait durant des jours sur la dalle de pierre
La chambre, volets clos, à l’étage au-dessus.
Le lit de cuivre blond, les édredons ventrus,
La table de toilette et son pot de faïence,
Le portrait des anciens figés dans le silence,
Troublé par la chanson des mésanges dehors.
Et plus haut le grenier, avec tous ses trésors.
Poupée martyrisée, pantin raccommodé,
Cage vide d’oiseau, abat-jour démodé,
Coffre rempli d’atours, de robes, de dentelles,
Qui habillaient jadis de gentes demoiselles,
Bouquets de fleurs séchées, et livres de prières,
Un vrai grenier enfin, avec tous ses mystères.
Tout en redescendant l'escalier trop étroit
Qu'on ne gravira plus, tout au moins on le croit,
Il vous revient au cœur une autre souvenance ;
Les gestes maladroits de la petite enfance,
Le baiser sur le front quand vous étiez couché,
Le visage inquiet sur votre lit penché,
Le tic tac régulier de la vieille pendule,
L’orage qui grondait, cette peur ridicule.
Rien ne subsiste plus de ce bonheur parfait,
Que l’on n’aura jamais oublié tout à fait.
La maison de l’aïeul au vallon se blottit,
Le seuil en est ouvert, le jour comme la nuit.
Renée Jeanne Mignard
|
|
Rondeau à l’hiver
L’hiver est là, le ciel s’enrhume.
Sous son épais châle de brume,
La campagne fait le gros dos.
Tombera la neige bientôt,
Voltigeant dans l’air comme plume.
Sur le toit la cheminée fume
Et la bûche qui se consume
Rougit l’âtre depuis tantôt.
L’hiver est là.
Pour l’heure, ainsi que de coutume,
Il faut que la lampe j’allume.
Ne l’éteindrai pas de sitôt.
Adieu, sans plus dire un seul mot,
Je vais aller soigner mon rhume
L’hiver est là.
Renée Jeanne Mignard
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sonnet au bel amour
Viens plus près, mon amour, viens, aimons-nous encore.
Derrière les volets, le jour à peine a lui.
Viens couvrir de baisers mon corps épanoui,
Au feu bien plus ardent que celui de l’aurore.
Je t’aime à cœur perdu, que dis-je, je t’adore,
Ma vie privée de toi ne serait plus qu’ennui.
Tu partiras pourtant, je le sais aujourd’hui,
Vers un autre horizon, un ailleurs que j’ignore.
Mais tant que je serai captive dans tes bras,
Tant que tu seras là, tant que tu me diras,
Ne pense plus qu’à nous, je t’aime sans problème,
Je t’imaginerai, amoureux éperdu,
Me désirant toujours, comme ce matin même,
Cher toi, le bel amour si longtemps attendu.
Renée Jeanne Mignard
|
"Pour paresser" photo de Renée Jeanne
"Devant la flambée" photo de Renée Jeanne
Paresse
Le ciel est menaçant, le baromètre en berne.
Les feuilles du bouleau s’en vont vers leur destin.
Mini-soleil voilé, dans le petit jour terne,
Le globe de la rue luit encor ce matin.
De gros nuages gris ont fait pleurer la rose,
Si bas qu’on les dirait à portée de la main.
Journée sans embellie, paysage morose,
La météo prévoit ce temps jusqu’à demain.
C’est le moment rêvé pour couper le portable,
Sans rendez-vous prévus, sans horaire établi,
Pour paresser enfin sans se sentir coupable.
La grisaille du temps, quel meilleur alibi…
Oublier tout un jour orages, violence,
Vivre en marge de tout, loin du monde et de lui,
Assouvir sans témoin ce besoin de silence
Si pesant quelquefois, si léger aujourd’hui.
Savourer à loisir l’exquise solitude,
N’avoir rien à penser, ni rien à recevoir.
Calme plat de l’esprit, douce béatitude,
Quiétude du cœur si prompt à s’émouvoir.
Si d’aventure, ami, du paisible ermitage,
Vos pas toujours pressés empruntent le chemin,
Sur la porte d’entrée, vous lirez ce message,
« Pas visible ce jour, à vous revoir demain ».
Renée Jeanne Mignard
|
|
|
"Enfant" Aquarelle de Béa
www.jardindebea.be
|
|
"Venise" Aquarelle de Jean-Claude Papeix
papeix.free.fr/
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ma reconnaissance et mes vifs remerciements à mes amis(es) peintres et photographes, qui me permettent d'enjoliver mes poèmes avec leurs oeuvres. A toutes et à tous, mes meilleurs voeux pour une belle et heureuse année.
"Source d'amour", la musique qui accompage cette page est de Michel Pépé... www.michelpepe.com
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Accueil
|
|
Pages spéciales
|
|
Haut de page
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Les poèmes de Renée Jeanne Mignard sont la propriété de l'auteur. Tout usage quel
qu'il soit est interdit sans son approbation. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou des ayants droit est illicite et constitue un délit de contrefaçon passible de 3 ans de prison et 300.000 euros d’amende. (Code de la propriété intellectuelle)Loi du 11mars 1957
|
|
|
|