Tôt levée ce matin, j'ai gravi
la colline
Où tu m'as dit un jour:"Il
faudra m'oublier".
Pas à pas j'ai suivi le sentier
qui chemine
Parmi les mimosas et les
genévriers.
Les cigales, au loin, faisaient
vibrer leurs ailes.
Je humais les senteurs du
fenouil et du thym.
J'étais pure, innocente ainsi
que jouvencelle,
Mon coeur enfin guéri ne
désirait plus rien.
Là-bas la mer berçait une voile
esseulée.
Un nuage égaré s'étirait au
levant.
Près du port endormi, au bout de
la jetée,
Les mouettes dansaient, jouaient
avec le vent.
Il était tout à moi, le noble
paysage.
Je pouvais du regard l'embrasser
tout entier.
Comme au premier matin de mon
pélerinage,
J'en emplissais mes yeux, jamais
rassasiés.
Je partirai demain pour un autre
voyage.
Mais mon coeur apaisé ne sera
jamais loin,
Puisque près des remparts du
paisible village,
Je sais que tu es là, endormi
sous les pins.
Renée
Jeanne Mignard