Cachée dans le sous-bois, la tendre violette
S’ennuyait, ne savait comment passer le temps.
Quand elle m’aperçut, vite leva la tête
Et me dit doucement : «Tu sais, c’est le
printemps !
Nous devons rendre grâce à Madame Nature.
Elle a repeint les bois, les arbres, les jardins.
Les oiseaux éblouis chantent dans la ramure,
Et moi je suis bien seule, oubliée dans mon coin.
Cueille moi, cueille moi, osa-t-elle me dire.
J’ai bien assez grandi, et c’est le mois d’avril.
Dans mon écrin feuillu je pleure, je soupire.
Ici, nul ne me voit, et mon parfum subtil
Qu’un poète chanta ne profite à personne.
Et je suis si timide. Aussi, je t’en supplie,
Écarte de la main les feuilles de l’automne.
Cueille moi, cueille moi, dis, s’il te plaît, ma mie ! »
J’ai coupé à regret la frêle collerette.
J’avais la honte au front, et je me suis enfuie.
Humide de rosée, la mignonne fleurette
En ce matin d’avril m’avait donné sa vie.
Recevez en cadeau la tendre violette,
Offrande bien modeste, et sincère pourtant.
Dès qu’elle m’aperçut, vite leva la tête,
Et me dit doucement : « Tu sais c'est le printemps ! »
Renée
Jeanne Mignard