"Lorsque
l'enfant paraît"...Que j'aime ce poème.
Quand je le déclamais,
dans mes jeunes printemps,
Je me voyais alors, héroïne moi-même,
Veillant,
le cœur battant, auprès d'un berceau blanc.
Par la grâce
du ciel, j'avais donné naissance
Au plus beau des bébés que l'on
eût jamais vu.
Regardant sommeiller cette fleur d'innocence,
Je
le parais déjà de toutes les vertus.
Il serait généreux,
attentionné, aimable,
Chasserait de mes yeux les brumes de l'ennui.
Vivant
les jours bénis d'un bonheur ineffable,
Il serait tout pour moi,
je serais tout pour lui.
Je
guiderais ses pas des premières années,
Je sècherais ses joues
quand il aurait pleuré.
Plus tard, beaucoup plus tard, ma quête
terminée,
C'est lui qui soutiendrait mes pas mal assurés.
Si
j'ai cessé de croire aux rêves trop fragiles,
Je ne regrette
rien de ce que j'ai vécu.
Pourtant, au creux des nuits, lorsque
tout est tranquille,
Je songe à cet enfant que je n'ai jamais
eu.
Renée
Jeanne Mignard